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tournées marchées


Depuis 2020 je pars plusieurs fois dans l'année pour trois à quatre semaines de marche avec un spectacle dans mon sac à dos.

– La marche est écologique
– on ne brûle pas des centaines de litres d'essence et on n'use pas le bitume. C'est plutôt le bitume qui use nos pieds. Si possible choisir son équipement avec soin, éviter le made à l'autre bout du monde pour limiter l'impact sur la planète – La marche est économique – à part une bonne paire de chaussures et un sac à dos adapté pas de gros frais à prévoir – La marche est naturelle – c'est notre moyen de déplacement le plus inné – La marche est bénéfique – pour le corps et l'environnement. Et aussi pour l'esprit qui s'allège allègrement de ce qui l'encombre d'habitude – La marche est politique – privilégier la lenteur est un acte citoyen qui va à contre-courant de la vitesse qu'on impose dans nos vies. Marcher est le choix qu'on fait de ne pas contribuer à la société qui consomme à l'infini – La marche est poétique – elle nous permet de regarder attentivement ce qui nous entoure, d'écouter tous les sons qui viennent à nous, de laisser libre cours aux pensées, à la parole et à l'imaginaire qui se déploie

 

juillet 2024 | 260 km, 10 jours de marche, 6 représentations
 

En partant de Ploërmel, la voie est verte. En parallèle, les voitures roulent à toute allure. Les cigales chantent avec moi le soir, les maîtres artificiers font leur spectacle ailleurs. Après avoir assisté à la danse matinale de ces dames hirondelles je quitte Augan. Pas de baignade à Carentoir, ni dans le lac, ni au lavoir, pourtant doté de deux couloirs de nage (non homologués par le Comité International Olympique). Le lendemain, passage dans l'Aff, l'eau jusqu'aux genoux. La pluie fait des ronds et moi des bonds. La D54 est dangereuse pour la piétonne, le chocolat chaud en milieu de parcours réconforte. À Sainte-Anne-sur-Vilaine un chevreuil vient me dire bonjour. Le lendemain, à Sainte-Anne-sur-Vilaine, un chevreuil vient me dire au revoir. Tenter le raccourci par la Chère est une fausse bonne idée. Demi-tour obligé. Mais la route est plus tranquille ce jour-là. Soudainement, derrière la colline apparaît un dôme énorme. Une soucoupe volante ? Non, un méthaniseur agricole. Un collectif d'habitant·es se bat pour qu'ils ne se répandent pas plus dans le paysage. Au Marais de Gannedel les moustiques ne me loupent pas. Les cigognes sont parties en voyage. Rassemblement de cygnes sur la Vilaine. À Redon il y a une forêt dans le jardin des voisins. On espère qu'elle y restera. Le jour d'après, il fait très chaud. Trempette de pieds possible dans l'Oust. Une cycliste se croit au bord de l'Ours. Moi, je me croirais presque en montagne. À cinquante mètres d'altitude avec vue panoramique, je déjeune en compagnie d'un lézard. Les cailloux rentrent dans mes sandales. Sept motards font du bruit et de la poussière sur la piste qui mène vers les chemins que je viens d'emprunter. De Cournon je pars en mangeant une pêche juteuse. Pleut-il ou pas ? Il pleut. Pas trop. Un peu plus. Et voilà le soleil qui arrive. Pour le spectacle à Saint Just. Ou pas. On y croit encore, mais la pluie nous rattrape. Et tout le monde déménage. Aller à Renac sur le GR 39, une fausse joie. La carte n'est pas à jour. Une quatre-voies est sortie de terre. Le GR dévié, mais j'arrive quand même à destination. Sous le chêne je joue et le chien s'invite sur scène. La nuit en roulotte est douce, mais courte. L'étape du lendemain longue. Retour à Redon, à la fraîche, le long des routes. Et sur le vélo, qui voilà ? Mon hôtesse et mon hôte de l'autre soir. Quelle surprise. Le train est à l'heure pour revenir à Nantes.

mai-juin 2024 | 240 km, 21 jours de marche, 15 représentations

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NAONED ÉCHAPPÉE - un grand tour de la métropole de Nantes, au delà du périph' et même bien plus loin, dans ce qu'on nomme le périurbain, le suburbain, les villages et petites villes, le pavillonnaire, la ruralité et autres fantaisies.
 

J'ai commencé à écrire le récit de ma marche circulaire (ou presque), nantaise (mais pas que), métropolitaine (et autre) pour garder une trace du voyage et la partager. Mais je me rends compte que cette fois j'ai envie d'en dire plus. Je décide alors de prendre le temps. Il faudra patienter un peu. Il y aura de quoi lire, il y aura de quoi voir, il y aura de quoi écouter. Ça prendra peut-être une forme nouvelle. On sait pas. C'est comme le chemin, tout peut arriver.

septembre-octobre 2023 | 350 km, 24 jours de marche, 13 représentations

La dingue de fou

La dingue de fou c'est moi. Un enfant qui a assisté au spectacle m'a appelée comme ça et je le prends comme un compliment. La dinguerie a duré quatre semaines cette fois-ci. J'ai cheminé dans les vallées et sur les monts du piémont de la chaîne pyrénéenne, de Pau à Foix, passant ainsi dans les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne et l'Ariège. Le soleil était avec moi, la pluie s'est faite très rare. Il y a eu une seule journée bien mouillée, la première. Le petit pont en béton « fermé pour risque d'effondrement » que j'ai pris ce jour-là ne s'est heureusement pas effondré et j'ai pu aller au bout de l'aventure, la silhouette de la chaîne pyrénéenne toujours à portée de vue.
Au jour huit, j'ai croisé la route d'un couple qui faisait Lyon–le Pic du Midi–Lyon en voiture en deux jours. Mais moi j'ai entendu le cerf bramer et la chouette hululer. Au jour dix, j'ai d'ailleurs logé chez une personne qui parle aux chouettes. Au jour vingt et un, j'ai fait la plus belle rencontre de la tournée, effrayante mais puissante, celle d'une sanglier. Elle prenait le chemin dans l'autre sens et on s'est retrouvées nez à nez. On a eu peur toutes les deux, mais c'est elle qui s'est sauvée (moi j'ai pas réussi). Au jour treize, j'ai fait une des plus touchantes rencontres humaines, une dame âgée qui me voit assise sur un banc depuis de longues minutes et propose de m'apporter une petite laine. Quand on s'est revues plus tard elle m'a prise pour une voisine et a demandé des nouvelles des enfants. Au jour quinze, j'étais sans logement. Une musicienne passionnée d'instruments de cordes à gratter m'a trouvé un refuge (entre joueuses de ukulélé on s'entraide) et j'ai atterri au presbytère, attablée avec Marie et Joseph, une pèlerine et un pèlerin. Sacrée expérience. Au jour onze, on a battu le record familial de passes de ping-pong en tournante. Au jour un, trois et quatre, j'ai pu goûter à des spécialités frontalières. Il y avait par ailleurs du multiculturel dans ce voyage tout du long. L’Érythrée, la Colombie, l'Autriche, l'Angleterre, les Pays-Bas, la Grèce, la Suède, l'Allemagne, la Belgique, la Suisse et tous ces pays pyrénéens étaient là et c'était beau. J'ai même ressenti un moment donné une sorte de « Mühlviertel » feeling, comme si j'étais dans les paysages de mon enfance. Le dernier soir j'ai fait connaissance avec un tout petit escargot, qui avait voyagé sans le vouloir du potager jusqu'en cuisine. On a passé un moment ensemble à parler du plaisir de la lenteur avant de continuer chacun·e notre chemin.

 

mai 2023 |  215 km, 15 jours de marche, 11 représentations

C'est une marche depuis l'intérieur des terres bretonnes jusqu'aux plages du nord.

Je marche à cheval entre l'Ille-et-Vilaine et les Côtes-d'Armor.

Je descends à la gare de Montauban-de-Bretagne, Ille-et-Vilaine. C'est ici que démarre la tournée. En m'éloignant du bourg, je commence à marcher sur un bout du GR 37. À part les balises, il n'y a plus de chemin, tant la végétation a pris de l'ampleur. Je marche littéralement dans un immense buisson d'orties tout au long. Quand j'arrive sur une route, je me pose un peu au soleil avant de replonger à nouveau dans l'humidité des herbes aussi hautes que moi. Faut-il vraiment entretenir les chemins de randonnée uniquement en "saison" et, dans ce cas, qui ou quoi définit le "début de saison" ? Ce mois de mai considéré visiblement hors-saison est bien frais, plus frais que l'année dernière. La pluie par contre, j'en ai peu finalement. Deux jours sur dix-huit et une seule grosse averse. Pile à ce moment-là, je me trouve à proximité d'un abri de bus, à l'intersection de la D795 et de la D8. Il est là pour moi, la marcheuse sous l'orage. La lumière après cette averse est juste magnifique et me fait oublier le mal de pied causé par les dix-huit kilomètres parcourus sur le bitume. Une camionnette passe à côté de moi avec une drôle de sirène qui retentit et, arrivée à ma hauteur, il me semble distinguer très clairement un "Bonne tournée !" lancé au mégaphone. Stupéfaite, je reste plantée-là quelques secondes, en regardant la camionnette disparaître au loin. Les trois hommes en gilet orange que j'aperçois à l'intérieur me sont à priori inconnus. La magie tient à peu de choses. Ce même jour, pendant ma pause déjeuner dans un hameau, un habitant me propose de prendre un des deux chatons pour lesquels il cherche encore une famille d'accueil. Je ne cède pas à la tentation d'avoir une petite boule de poils comme compagnon de route. Mais j'apprécie ces micro-rencontres fortuites et farfelues. Quand l'occasion se présente, j'ai plaisir à aller au PMU du bourg pour voir les gens d'ici. La première fois, je passe la porte et tous et toutes qui sont là au comptoir s'arrêtent de parler et me regardent comme si j'étais une extraterrestre. Une fois l'étonnement passé, on m'invite à les rejoindre et on m'offre des limonades. S'ensuivent de longues discussions très animées et arrosées. La gérante du bar est persuadée que pour les deux kilomètres et demi qui me restent à faire à pied, j'en ai pour cinq minutes. Bien sûr que ce n'est pas le cas. En plus, je m'arrête à la sortie du bourg, au stade de foot le plus beau de France. Une vraie pelouse aux fleurs jaunes, deux buts et une entrée marquée par un simple cadre en métal blanc. Pas de grillage, pas de marquage, quatre lampadaires, un dans chaque coin. C'est toute simplicité et toute beauté.

Un autre PMU, un midi. Le bar est plein à craquer, les serveuses et cuisinières sont débordées, à la télé passent les courses de chevaux. Un habitué mise pour moi sur le cheval que j'ai choisi au hasard et, chance de la débutante, c'est ce cheval qui gagne. Je viens de découvrir le tiercé, élément intégrant de la culture française.

 

Le chemin qui longe la Rance n'est pas plat, celui qui longe la côte non plus. Tant mieux. C'est plus agréable. Le dernier jour, je suis sur le sentier côtier, mais à un moment donné je me croirais presque en montagne. Ça monte légèrement, il y a des vaches des deux côtés du chemin et, à l'horizon du relief, pas très haut forcément, mais ça suffit pour rendre l'illusion complète. C'est vrai que je préfère la montagne à l'océan. Et les eaux douces à l'eau salée. Je ne me suis pas baignée en mer. Chaque fois que j'arrive sur une plage, un vent glacial souffle fort et la marée est basse. Par contre, je n'ai pas refusé le petit plongeon dans l'étang en forêt le premier jour.

 

Malgré la fraîcheur ambiante en soirée, je joue dehors une fois sur deux. Un joli challenge réussi. La voix porte, la météo tient, le public joue le jeu, équipé de chaises pliantes, de doudounes et de plaids. Pour l'avant-dernière, un défi d'un autre taille m'attend. Ça se passe dans un crêperie pendant que les gens mangent. C'est une première pour moi et contre toute attente, ça le fait. Faut dire que mes hôtes·ses gèrent à fond aussi. Je suis super bien accueillie. Comme tous les soirs. Je prends un grand grand plaisir à découvrir et écouter les histoires de vie de mes accueillant·es et de leurs invité·es du soir. Plusieurs sont de retour sur leur terre natale. Il y a des histoires de reconversion, de construction, de projets de vie seul·e, en famille ou à plus d'une famille. Dans le lot, tout un bocage de naturalistes, botanistes, compteurs et compteuses de grenouilles, d’insectes et d'oiseaux. Il y a aussi ces nouvelles et nouveaux arrivé·es qui ramènent de l'activité dans les communes, en animant le bar du coin de manière créative, généreuse et militante. Puis, une histoire un peu différente de deux personnes qui ont pour projet de partir. De quitter la Bretagne et même la France, pour mener une vie plus simple et libre ailleurs. Je comprends ce qui les anime.

 

Chaque personne rencontrée est engagée à sa manière. Il y a celles qui nettoient la plage, celles qui viennent en aide aux migrant·es, ceux qui soutiennent les artistes, ceux qui construisent léger, celle qui plante des arbres, celui qui travaille sur une invention ingénieuse pour nettoyer la planète, ceux qui font de la musique pour faire danser les gens, celles et ceux qui laissent leurs enfants suivre leurs rêves, celles qui font à manger pour les autres, ceux et celles qui ouvrent leur maison aux passant·es et aux voyageureuses...

 

J'ai fait une tournée en Bretagne et je suis revenue des souvenirs plein le cœur et un galet de gré rose d'une plage à Fréhel, Côtes-d'Armor, dans mon sac à dos.

 

septembre-octobre 2022  |  190 km, 15 jours de marche, 12 représentations

Une re-tournée le long de la Loire, de Saumur à Nantes.

Le chant des corvidés

 

A chaque tournée sa particularité. Ici, ce sont les oiseaux. Tout au long des cent quatre-vingt-dix kilomètres de Saumur à Nantes ils sont là. En nombre, élégants, légers, très bruyants et vraiment partout. C'est beau. Par contre, il n'y a plus beaucoup d'eau dans la Loire ni dans les autres rivières. Il y a des lits complètement à sec. C'est moins beau.
Les oiseaux sont souvent en groupe et ils font un boucan d'enfer magnifique. Les étourneaux, les canards, les corbeaux et les autres. L'automne est dans l'air et j'aime.
Je fais quelques détours volontaires et d'autres non prévus. Je me pose, parfois dans l'herbe ou dans le sable, parfois dans un café lors d'une traversée de ville, pour réécrire des passages du spectacle qui évolue continuellement. Je ne prends pas beaucoup les chemins que j'ai déjà empruntés en mai, je suis la plupart du temps en terre inconnue. Je passe entre autres au bout du monde, au cul froid et sur l'île de Châlonnes que je découvre. C'est le paysage le plus paisible de la tournée, l'arrivée sur l'île. Le lendemain par contre, il y a la battue aux sangliers, la "paisibilité" n'est plus.

Faire une tournée à pied c'est génial. Et fatiguant. Il y a l'exploit physique, mais aussi l'énergie que demande l'adaptation à un nouveau lieu tous les soirs. Heureusement je suis gâtée de vos belles présences, hôtes·ses et public confondu.
Un jour de pause, je suis accueillie de façon improvisée et me régale des histoires, du cheesecake et du curry de P. Je fais aussi quelques jolies rencontres sur les chemins. Avec ce marcheur qui balise une nouvelle voie de pèlerinage. Avec plusieurs personnes d'un certain âge, curieuses et très bavardes. Un midi, je me fais aborder par les habitués du Kebab sur la grande place, intrigués par la végétation qui dépasse de mon sac. Une drôle de bande, des très joyeux citoyens du monde. D'ailleurs, vos bouquets de fleurs, de sauge et de verveine citronnée ont fait tout le voyage, puis joué sur la scène du TNT à Nantes et sont arrivés jusqu'à chez moi. Les bouquets de plumes de paon sont restés sur place, mais ont merveilleusement sublimés la scène ce soir-là.
Sous un grand soleil qui cache la lune pleine j'arrive à Nantes et dans ce petit théâtre, à l'abri de l'agitation urbaine, je joue une belle dernière fois. Avant la prochaine fois.


 

juillet-août 2022 |  120 km, 11 jours de marche, 10 représentations

Les pieds dans l'eau, j'ai marché en Périgord noir, entre Vézère et Dordogne.

Dans le désordre : J'ai eu chaud. Très chaud. Trop chaud. Mais j'ai marché quand même. J'ai chanté quand même. Je me suis baignée dans la rivière. Plusieurs fois. Et à chaque fois que je pensais avoir trouvé un spot caché et tranquille, mon idylle a été perturbé par le passage d'innombrables canoës. J'ai aussi découvert six lavoirs, mais un seul permettait de se rafraîchir vraiment et de plonger dedans entièrement. J'en ai bien profité. J'ai dormi dans une cabane et dans une caravane. J'ai chanté sur un tilleul. J'ai été piqué par des moustiques et griffé par des ronces. J'ai fait une sieste en forêt. J'ai dû adapter mon itinéraire, parce que la carte correspondait pas à la réalité du terrain ou parce que je ne trouvais pas les chemins secrets conseillés par les locaux. J'ai dû faire des détours, à cause des nombreuses propriétés et chemins privés. J'ai eu peur de me faire renverser, pendant deux kilomètres, sur une départementale coincée entre falaise et rivière, sans espace pour le piéton. Au début j'ai vu essentiellement des grandes propriétés, avec piscine et pelouse bien tondue, puis, plus au sud, pour la première fois des fermes avec leurs bâches noires et leurs pneus et aussi des maisons assez délabrées. J'ai vu des arbres centenaires. J'ai appris à imiter le bruit d'un cheval au galop avec mes mains. J'ai filé un coup de main pour sortir les cadres d'une ruche. J'ai écouté les cigales chanter. J'ai chanté. J'ai marché dans la fumée des incendies de Gironde. J'ai marché sous la pluie. Un peu. J'ai marché au lever du jour. J'ai chanté dans la rue. J'ai goûté aux spécialités des unEs et des autres, de la région ou d'ailleurs. J'ai été gâté par mes hôtesSes, dont une hôtesse de l'air, une espagnole au cœur d'or, un couple de cavaliers, un grand farfelu aux talents multiples, des elfes forestiÉres, deux amoureux de la gastronomie italienne, une passionnée des masques de carnaval, une troupe de joyeuXses bonNes vivanTes, une grande amie des chats, des propriétaires d'une immense grotte secrète, une bande de pies et un hôte fantôme, mais tout aussi accueillant que les autres. J'ai eu du très beau monde en public et de tout âge.

 

mai 2022 | 155 km, 11 jours de marche, 9 représentations

Sur les bords de Loire  ou  pas loin, de Nantes (44) à Chênehutte (49)

Pendant 11 jours et sur 155 kilomètres, sous un soleil brûlant j'ai longé la Loire. A peu près. Parce qu'en vrai, la rivière s'est faite désirer. Inaccessible à pleins d'endroits ou bien desséchée, je n'ai pas pu mettre les pieds dans l'eau souvent. J'ai inventé un chemin. Parfois j'étais sur la Loire à vélo, parfois j'ai tracé à travers champs, sur des chemins indiqués mais invisibles, envahis par des ronces, des orties et de l'herbe haute, j'ai fait de longues kilomètres sur le bitume, sans ombre, j'ai traversé une rivière (pas la Loire) parce que le pont n'était pas encore installé, mouillée jusqu'aux hanches je suis arrivée de l'autre côté, j'ai longé les voies ferrées...

J'ai vu un cygne qui n'en était pas et un cygne pour de vrai, des êtres électrifiés en forêt, des cyclistes qui disent pas bonjours et d'autres si, trois randonneurs, deux chatons abandonnés, des moutons sous un chapiteau de cirque breton, des ouvriers qui plantent des arbres en pot, des champs et des poupées de coquelicots, des orties géantes, des arbres menaçants, la terre craquelée, des déchets dans l'herbe, des ponts de toute sorte, des panneaux qui interdisent, des graffitis, du sable à perte de vue...

 

été 2020 

Les oiseaux volent et nous marchons

Concert poétique, 35 jours de marche sur le chemin de Compostelle, 23 représentations en soirée dans les villages d'étapes, 700 km à pied entre Aumont-Aubrac et Saint-Jean-Pied-de-Port,  1 sac à dos et 1 paire de chaussures, quelques instruments et accessoires

Jour 33 Navarrenx - Aroue 22.jpg

LES OISEAUX VOLENT ET NOUS MARCHONS ce sont des chants de partout et pour tous les temps. De la musique classique, interprétée dans son état le plus pur ou de façon très détournée et des chants du monde. Des textes parlés viennent compléter l'histoire qui se tisse. C'est une esquisse de ce que pourrait être la vie, simple et sincère. La voix dessine le chemin. Elle est parfois le seul instrument, parfois accompagnée par le ukulélé ou de petits instruments en matériaux recyclés et d'objets quotidiens que l'on peut trouver dans le sac à dos d'une marcheuse.
Le spectacle est écrit mais s'adapte aux différents lieux, aux acoustiques, aux publics, il est prêt à sortir des balisages. Je joue dans les petites églises des villages ou chez l'habitant. Dans une envie de proximité avec ceux et celles qui écoutent et regardent.

Récit de mon voyage publié dans le magazine L’Écho des chemins de Saint-Jacques.

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